Ludovic Passamonti, de l’agence Jloo spécialisée dans l’optimisation SEO de Prestashop et Shopify, nous partage les bonnes pratiques à respecter pour obtenir des textes de qualité.

C’est une question que tous les e-commerçants se posent depuis la mise à disposition des intelligences artificielles pour le grand public : faut-il utiliser ChatGPT dans la rédaction de ses contenus pour travailler le SEO au niveau éditorial ? Les résultats sont-ils au rendez-vous ? Y a-t-il des risques ?

L’utilisation de l’intelligence artificielle est une aubaine pour rédiger des contenus optimisés pour le SEO en quelques minutes, là où une rédaction « humaine » prendrait plusieurs heures. Est-ce une bonne approche selon vous ?

Ludovic Passamonti : Effectivement, la rédaction de contenus avec ChatGPT, ou d’autres IA, connaît un formidable essor depuis 3 ans, compte tenu du gain de temps que cela permet, et surtout du gain d’argent à court terme, car il n’y a plus besoin de payer des rédacteurs.

Mais faire rédiger les textes de son site par une IA n’est pas une garantie de produire un contenu de bonne qualité pour des lecteurs humains, et encore moins aux yeux de Google qui l’analyse en profondeur pour juger de sa pertinence par rapport à la requête ciblée.
Donc, les résultats en SEO ne sont pas garantis, loin de là !

Si les pages d’un site sont initialement vides de contenu, ou avec très peu d’informations utiles, cela peut s’améliorer avec du contenu généré par une IA. Le site peut voir sa visibilité progresser. Mais cela ne sera probablement pas suffisant pour atteindre les meilleures places sur des mots clés concurrentiels. Il y a tellement d’autres facteurs à prendre en compte pour optimiser le référencement naturel d’un site. Le contenu n’est pas l’arme absolue pour progresser.

Il peut même y avoir des conséquences négatives à moyen terme en cas de mauvaise utilisation de l’IA, ou d’utilisation abusive. Tous les mois, nous discutons avec des gérants de sites dont les positions sur les mots clés sont en baisse continue depuis plusieurs semaines, après avoir soudainement explosé pendant 4 ou 5 mois. Ils ne comprennent pas ce qui se passe. Au bout de cinq minutes de discussion, ils nous avouent qu’ils ont rédigé 50 % du contenu du site avec ChatGPT, qu’ils ont rempli des centaines de pages de catégories et de fiches produit de cette manière… Plus besoin de mener l’enquête, on connaît le coupable. Il peut y avoir d’autres raisons aussi, mais cette utilisation de l’IA est un facteur aggravant. 

Pourquoi le contenu généré par une IA ne permet pas d’améliorer de manière certaine la qualité sémantique et éditoriale de son site pour progresser en référencement naturel ?

Ludovic Passamonti : La première limite de cette approche de la rédaction automatisée est l’utilisateur de l’IA lui-même : rédiger un bon script (appelé prompt) qui indique à l’IA la bonne manière de parler d’un sujet, qui lui permet de comprendre l’intention de recherche, qui traite le sujet de manière exhaustive, nécessite un travail d’analyse SEO en amont.
Sans cela, vous avez peu de chance d’obtenir un texte performant pour le référencement naturel, qui permettra de booster la visibilité du site dans les pages de résultats de Google.

La deuxième limite est le fonctionnement de l’IA elle-même. Je rappelle que l’objectif de Google est de proposer des réponses de haute qualité à ses utilisateurs. Pour cela, il privilégie les sites proposant des informations exhaustives en lien avec la recherche effectuée, récentes et uniques si possible, qui prouvent une expertise.

Or, il faut comprendre que la base de connaissance universelle de ChatGPT pour produire un texte sur un sujet donné est la même pour tous ses utilisateurs dès lors qu’elle s’alimente avec le contenu trouvé sur internet. Donc quelle que soit la qualité du prompt utilisé, ChatGPT va « bêtement » reformuler les mêmes informations pour tout le monde, pour vous et pour tous les concurrents qui utilisent aussi ChatGPT pour remplir leur site de contenu. 

En conséquence, il n’y a aucun gain d’information unique, aucune originalité dans le texte produit. Tout le monde aura globalement la même structure de réponse, la même information de fond. Le fait d’utiliser Mistral, Claude, Perplexity ou d’autres IA ne change rien au problème. Et c’est précisément que Google cherche à combattre dans ses résultats : un contenu standardisé, qui se répète à l’infini sur des centaines, des milliers de sites.

Donc les humains sont plus aptes à produire du contenu de qualité pour faire progresser le SEO d’un site ?

Ludovic Passamonti : Oui, c’est certain. Si nous considérons l’ensemble des critères de Google pour définir la qualité d’un texte, alors l’IA ne permet pas d’atteindre l’excellence pour l’instant. Google donne ses consignes de manière très claire pour créer des contenus utiles, fiables et people-first et nous voyons clairement que seule une approche de rédaction humaine permet de répondre à toutes ses exigences.

Et il y a un sujet sur lequel l’IA ne peut pas encore rivaliser avec l’humain : montrer de l’empathie, exprimer des sentiments, montrer son émotion, parler de son engouement ou de sa déception en parlant de l’expérience réelle d’utilisation d’un produit ou d’un service.

Et ça, c’est précisément ce que les humains et Google adorent : l’authenticité.

Il est possible de poser des bases correctes avec un contenu généré par une intelligence artificielle, mais il faudra obligatoirement le retravailler pour le personnaliser, l’enrichir, y ajouter la touche qui fera la différence avec les concurrents.

En conclusion, quelle approche recommandez-vous pour la rédaction avec une IA en matière de SEO ?

Ludovic Passamonti : Je recommande une approche prudente et sécurisée pour ne pas se prendre un retour de bâton.

  • Se faire aider par un expert SEO pour définir la stratégie éditoriale et pour poser de bonnes bases de rédaction sur chaque sujet. C’est ce que nous faisons avec certains clients de Jloo pour sécuriser l’approche rédactionnelle en amont.
  • Toujours relire, vérifier la fiabilité des informations proposées par ChatGPT, vérifier les sources.
  • Reprendre le texte créé pour y intégrer des formulations plus naturelles, essayer d’humaniser le discours en parlant à la 1ère personne, en le personnalisant avec des informations spécifiques à votre entreprise.
  • Ajouter des informations de type « avis d’expert », des témoignages d’utilisateurs, partager votre expérience du produit.
  • Commencer par des tests, et regarder si les quelques pages enrichies avec du contenu généré par l’IA voient leur visibilité progresser dans les SERP, avant de déployer des contenus à grande échelle dans le site.

 

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