En France, environ 14 millions de personnes vivent avec un handicap, soit près d’un individu sur cinq. Ce chiffre donne toute sa portée au concept d’accessibilité numérique, qui vise à garantir un accès équitable aux services en ligne pour tous. À compter du 28 juin prochain, de nouvelles obligations légales entreront en vigueur pour certains produits et services numériques, incluant certains sites de e-commerce. Mais à quoi correspondent-elles concrètement et quelles entreprises sont concernées ? Décryptage avec Antoine Bouet, président d’AccessProd, spécialiste du sujet.

Qu’est-ce que l’accessibilité numérique ?

Antoine Bouet : L’accessibilité numérique repose sur un principe simple : permettre à toute personne en situation de handicap d’accéder à des contenus et services numériques sans difficulté et dans toutes leurs fonctionnalités. Elle s’apparente à l’accessibilité des lieux physiques, déjà encadrée par la loi. Contrairement à une idée reçue, l’accessibilité ne concerne pas uniquement les personnes aveugles ou malvoyantes, mais aussi celles atteintes de handicaps moteurs, auditifs, cognitifs, ou de troubles de l’attention ou de la lecture (dyslexie, etc.). Autant d’usagers qui peuvent rencontrer des obstacles dans la navigation sur un site web non conçu pour eux.

Jusqu’à récemment, les exigences en matière d’accessibilité s’appliquaient principalement au secteur public et à certaines grandes entreprises privées réalisant plus de 250 millions d’euros de chiffre d’affaires. Mais une directive européenne transposée en droit français élargit désormais le champ des structures concernées.

A quels types de structures les nouvelles obligations de 2025 s’appliquent-elles ?

Antoine Bouet : Les nouvelles obligations, qui découlent du Code de la consommation, s’adressent aux entreprises BtoC de certains secteurs, dont le e-commerce. Plus précisément, sont concernées les entreprises comptant au moins 10 salariés ou bien réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 2 millions d’euros. Les produits et services visés sont définis dans la directive : ordinateurs, smartphones, guichets automatiques, box internet, liseuses… mais aussi les services de commerce électronique, de banque en ligne, de communication électronique ou de médias audiovisuels.

Pour les sites e-commerce BtoC répondant aux critères évoqués, la mise en conformité devient donc obligatoire à partir de juin 2025. Les sanctions ne devraient pas être immédiates, car l’administration est pour l’instant dans une logique de pédagogie et d’accompagnement. Cependant, il est vivement conseillé d’anticiper dès maintenant cette évolution.

Comment se mettre en conformité ?

Antoine Bouet : La conformité repose sur une démarche d’auto-évaluation. Il n’existe pas de certification officielle : chaque entreprise doit réaliser un audit de son site, selon une grille fournie par l’État. Cette grille repose sur un référentiel d’une centaine de critères (RGAA), allant de la structure du code à la qualité du contraste ou à la lisibilité des textes. L’objectif est de vérifier si toutes les pages-types du site sont utilisables par une personne en situation de handicap, sans obstacle technique ou visuel.

C’est dans ce contexte qu’intervient AccessProd. En tant que cabinet de conseil, notre société n’assure pas le développement de sites, mais travaille en étroite collaboration avec des agences web – comme WebXY – pour accompagner les équipes techniques dans la correction des points de non-conformité. La majorité des éléments à corriger sont techniques : ils touchent au code, à l’ergonomie, à l’architecture de l’information, à l’UX. Contrairement aux idées reçues, l’accessibilité ne limite pas la créativité graphique. Il s’agit essentiellement de garantir des contrastes suffisants, une navigation intuitive, ou encore la lisibilité des contenus. À ce jour, très peu de sites e-commerce sont pleinement conformes. Les thèmes par défaut proposés sur des plateformes comme Shopify ou PrestaShop, par exemple, ne respectent pas les normes d’accessibilité. D’où l’intérêt d’anticiper, notamment à l’occasion d’une refonte ou d’une migration de site.

Au-delà de l’obligation légale, se mettre en conformité est aussi une opportunité : celle d’améliorer l’expérience utilisateur pour tous, d’élargir son audience, et de valoriser une démarche responsable et inclusive. Les retours sont d’ailleurs très positifs : les entreprises qui franchissent le pas constatent souvent une nette amélioration de la clarté de leur interface et de la satisfaction client. Pour les sites e-commerce concernés, l’accessibilité numérique ne doit donc pas être perçue comme une contrainte technique ou réglementaire, mais bien comme un levier de performance et d’innovation.

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